Domaines de rencontre entre la médecine traditionnelle et la médecine moderne dans la région des grands-lacs  

Domaines de rencontre entre la médecine traditionnelle et la médecine moderne dans la région des grands-lacs  

  • Médecine traditionnelle 

Selon la définition officielle de l’OMS, le médecine traditionnelle « se rapporte aux pratiques, méthodes, savoirs et croyances en matière de santé qui impliquent l’usage à des fins médicales de plantes, de parties d’animaux et de minéraux, de thérapies spirituelles, de techniques et d’exercices manuels ; séparément ou en association, pour soigner, diagnostiquer et prévenir les maladies ou préserver la santé ».

Dans les pays industrialisés, les adaptations de la médecine traditionnelle sont nommées « complémentaires », « alternatives », « non conventionnelles », ou encore « parallèles ».

  1. Médecine moderne 

La médecine moderne ou médecine contemporaine est la médecine basée sur l’utilisation de l’examen clinique, les soins de santé, la recherche et les technologies biomédicales pour diagnostiquer et traiter les blessures et les maladies, habituellement à travers la prescription de médicaments, la chirurgie ou d’autres formes de thérapies.

Cette médecine est en réalité la médecine officielle occidentale. Elle s’appuie sur « des traitements qui ont obtenu une validation scientifique, soit par des essais cliniques, soit parce qu’ils bénéficient d’un consensus professionnel fort obtenu avec l’accord et l’expérience de la majorité des professionnels de la discipline concernée. » [4].

Objectif général :

Les rédacteurs du site Blogintelli.com on fait  une étude sur les domaines de rencontre entre la médecine traditionnelle et la médecine moderne dans la région des grands lacs.

Objectifs spécifiques :

  • Déterminer le degré de satisfaction de la population des soins de la médecine traditionnelle et par rapport aux soins de la médecine moderne ;
  • Savoir la position des praticiens de ces deux médecines concernant la dépendance entre ces deux domaines ;
  • Savoir la position de la population quant à la dépendance de la médecine traditionnelle et celle moderne ;
  • Déterminer les points de convergence et de divergence entre la médecine traditionnelle et celle moderne ;

hypothèses 

  • La majorité de la population serait beaucoup plus satisfaite par les soins de la médecine moderne ;
  • Une partie des praticiens de ces deux médecines serait d’accord avec la dépendance de ces deux médecines ; 
  • La grande partie de la population serait d’accord avec la dépendance de ces deux médecines ;
  • L’existence de certaines maladies non curables par la médecine moderne serait à la base du recours à la médecine traditionnelle.

GENERALITES

Selon l’OMS, 80% des populations rurales vivant dans les pays en développement utilisent la médecine traditionnelle (MTR) comme premier moyen de recours. La MTR est également très populaire dans de nombreux pays développés parce qu’elle est fermement intégrée à des systèmes de croyance plus globaux [1].

Cependant, malgré ce crédit dont elle bénéficie auprès de la population, certains praticiens modernes affichent une attitude de méfiance à  l’égard de la médecine traditionnelle et de ses acteurs, les qualifiant d’irrationnels [2].

Etant donné le rôle social des acteurs de la médecine traditionnelle et sa popularité croissante, il est impératif que les praticiens modernes de santé collaborent avec les tradipraticiens afin de comprendre les pratiques et les produits de la médecine traditionnelle [3].

Deux raisons principales pourraient justifier une telle collaboration :

  • D’abord il est important pour le personnel de santé d’avoir une bonne compréhension de tous les services de santé auxquels leurs patients peuvent accéder.
  • Deuxièmement, le personnel de santé (en particulier médecins généralistes, infirmières et pharmaciens) est souvent utilisé par des patients comme source d’information pour toutes questions relatives à la santé.

Et eu égard à ce manque de personnel de santé sur le continent, la médecine traditionnelle et ses acteurs contribuent énormément à la couverture sanitaire des populations. Conscient de cette réalité, l’OMS a, depuis le début des années 1970, maintes fois plaidé en faveur de la reconnaissance des tradipraticiens en tant que pourvoyeurs de soins de santé primaires (SSP). Elle a également plaidé pour l’intégration de la médecine traditionnelle dans les systèmes de santé nationaux [5].

On peut compter actuellement plus de 7.000 produits pharmaceutiques à base de plantes qui sont sur le marché en Europe et en Amérique (et on ne les qualifie pas de traditionnels, mais modernes). On constate ces jours-ci que la phytothérapie commence à récupérer ses droits de cité dans bon nombre des pays Africains, et plus particulièrement dans notre région [6].

Dans la province du Sud-Kivu, qui a constitué notre champ de recherche, nous avons constaté que l’apport moderne a été très considérable dans l’art de guérir de l’autochtone Kivutien.

DES APPROCHES DIAGNOSTIQUES DIFFÉRENTES

Si les deux types de médecines ne se définissent pas de la même façon par les instances officielles, c’est qu’elles ont des approches différentes, en particulier en ce qui concerne la pose du diagnostic.

  • Médecine conventionnelle :

La médecine conventionnelle se focalise avant tout sur le symptôme. Elle cherche à les détecter, les croiser entre eux pour lui associer un traitement par médicament qui semble lui correspondre. Avec l’écoute du patient, le médecin recueille les symptômes fonctionnels : douleurs, sensations, gênes… avec l’examen ensuite, il s’intéresse aux symptômes objectifs ou signes. En croisant les deux, il pose son diagnostic. Si besoin, des examens paracliniques sont effectués pour recueillir plus de données sur des organes ou parties du corps en particulier.

La Directrice générale de l’OMS de 2007 à 2017, Dr Margaret Chan explique que « trop souvent, le patient n’est plus traité comme une personne, mais plutôt comme un ensemble d’organes distincts, chacun relevant d’un spécialiste souvent très compétent. » Ainsi, cette tendance à l’hyperspécialisation met souvent à mal la relation médecin-patient dans l’exercice de la médecine moderne occidentale.

Passé le diagnostic, la médecine conventionnelle s’attache ensuite à traiter la cause de ces symptômes, par un traitement étiologique, essentiellement par la prescription de médicaments. Dans le cas où aucun diagnostic n’a pu être établi, l’usage d’antalgique ou autre médicament sera prescrit pour traiter les symptômes.

  • Médecine traditionnelle :

À l’inverse, les médecines traditionnelles partent d’une approche plus globale qui associe souvent corps, esprit et environnement du patient. Le traitement qui en résulte est totalement individualisé. Ce souci de prendre en compte l’environnement du patient se retrouve dans la permathérapie, en particulier au travers des éthiques qui en constituent le socle.

L’ancienne Directrice Générale de l’OMS, Dr Margaret Chan met en avant « la médecine traditionnelle chinoise qui a fait œuvre de pionnier dans des domaines tels que le régime alimentaire, l’exercice, la sensibilisation aux influences de l’environnement sur la santé et l’utilisation de médicaments à base de plantes dans le cadre d’une approche globale de la santé. D’autres systèmes médicaux anciens dans d’autres pays, comme l’Ayurvéda en Inde, offrent le même type d’approche. »

[4].

En effet, au lieu de partir uniquement des dysfonctionnements de tel ou tel organe, les médecines traditionnelles, mettent en pratique une approche du soin plus globale.

MÉDECINE TRADITIONNELLE ET MÉDECINE MODERNE, SONT-ELLES COMPLÉMENTAIRES ? 

Malgré ces approches diagnostiques opposées, les deux types de médecines peuvent se révéler complémentaires. Certaines expérimentations ont déjà été faites, comme la mise en place de séances de Qi Gong depuis 2011 à la Pitié-Salpêtrière à Paris. En effet,  cette gymnastique paramédicale est issue de la médecine chinoise traditionnelle est pensé comme un outil thérapeutique à part entière. Les séances mises en place par le docteur Liu permettent d’accompagner la guérison. Dans le même hôpital, le service de pédopsychiatrie n’hésite pas à traiter des patients à l’aide du Shiatsu, une acupuncture manuelle également héritée de la médecine traditionnelle chinoise.

Par ailleurs, de nombreux problèmes médicaux relèvent de troubles fonctionnels, comme les troubles psychosomatiques, qui même s’ils ne sont pas matériellement observables et quantifiables, sont réels. La médecine conventionnelle est plutôt démunie face à ce genre de troubles, contrairement aux médecines traditionnelles.

C’est bien l’approche diagnostic qui fait toute la différence. Connaître les contre-indications des huiles essentielles grâce à leurs propriétés biochimiques est essentiel, mais l’aromathérapie comme méthode de préparation et d’utilisation des plantes, sera pertinente à utiliser de façon holistique.

Suite à de nombreuses études menées par l’OMS pendant ses mandats, le docteur Margaret Chan le rappelle « Il ne faut pas opposer la médecine traditionnelle et la médecine occidentale. Dans le contexte des soins de santé primaires, les deux peuvent se compléter harmonieusement et il convient d’utiliser les meilleures caractéristiques et de compenser les points faibles de chacune. » [4].

C’est le parti que prend la permathérapie : ne pas opposer, mais allier. Ne pas dénigrer, mais compenser. Trouver le soin le plus adapté pour la situation et l’humain à un moment et dans un contexte donné : c’est tout l’enjeu pour conserver et cultiver sa santé.

MATERIELS ET METHODES

TYPE D’ETUDE

Nous avons mené une étude du  type descriptif transversal.

DELIMITATION DU SUJET

Notre étude menée par le rédacteur du site blogintelli.com dans la région des grand-lacs, précisément dans la ville de Bukavu :

  • La population de Bukavu ;
  • Les personnels soignants en médecine moderne et les tradipraticiens de Bukavu.

Analyse et traitement des données

Après collecte, les données  ont été saisies en WordPress et analysées en Epi Info. Ceci nous permet de générer les résultats que nous avons présentés dans des tableaux de fréquence et de pourcentages.

Paramètres ou variables d’étude :

   PRESENTATION ET DISCUSSION DES RESULTATS

Tableau 1 : Répartition des enquêtées selon les données sociodémographiques :           

Au regard de résultats du tableau 1, presque la totalité de nos enquêtés avaient un âge supérieur à 20 ans ;  tous les deux sexes étant représentés. Les shi étant le plus représenté, les médecins traditionnels représentent la grande partie de notre échantillon avec 40%.

    DONNEES EN RAPPORT AVEC LE SUJET DU TRAVAIL

Répartition selon :

Tableau 2 : Connaissance de l’existence de ces deux types de médecine

La quasi-totalité de nos enquêtés (97,5%) savent qu’il existe les deux types médecines dans la région des grands-lacs.  

Tableau 3 : Confiance envers ces deux médecines :

Quarante pourcent (40,0%) de notre population d’étude a beaucoup plus confiance en médecine modern ; en second lieu, environ un tiers a confiance dans les deux types de médecines (32,5%). Seulement 27,5% a beaucoup plus confiance en la médecine traditionnelle.

Tableau 4 : La connaissance de l’existence de certaines maladies curables uniquement par la médecine traditionnelle

Une grande partie de la population (82,5%) est convaincue qu’il existe certaines qui ne sont prises en charge que par la médecine traditionnelle.

Tableau 5 : La connaissance de l’existence de certaines maladies curables uniquement par la médecine moderne 

Une grande partie de la population (87,5%) est convaincue qu’il existe certaines qui ne sont prises en charge que par la médecine moderne. 

Tableau 6 : Perception de l’objectif commun de ces deux médecines : Le bien-être humain    

Nos enquêtés sont convaincus en grande partie (92,5%) que ces deux types médecines œuvrent toutes deux pour le bienêtre des patients.

Tableau 7 : Raisons motivant la consultation en médecine traditionnelle

Toutes ces raisons poussent les gens d’aller consulter en médecine traditionnelle, mais surtout l’existence des certaines maladies non prises en charge par la médecine moderne.

Tableau 8 : Les motifs de consultation les plus fréquents en médecine traditionnelle

La plus grande partie de nos enquêtés (82,5%) est d’accord la complémentarité ou fusion de ces deux médecines.

DISCUSSION

Au vu des résultats obtenus, la population en général et les personnels soignants en particulier sont au courant de l’existence de ces deux médecines, bien que la confiance en la médecine traditionnelle reste discutable. Cela serait peut-être lié au fait que la plupart des pratiques traditionnelles ne sont pas documentées et prouvées.

Chacune de deux médecines a, selon nos enquêtés, sa spécificité et son autonomie de prendre en charge certaines maladies bien particulières. Pour la médecine traditionnelle, bon nombre de gens est convaincu que l’empoisonnement ou intoxication est mieux pris en charge par cette dernière. Les maladies maléfiques et celles secondaires à un état de nuire (« Le Mulonge » ; la sorcellerie, …) ne peuvent trouvées solution qu’en médecine moderne ; et certaines personnes rapportent que le fait d’amener ces maladies en  médecine conventionnelle ne fait que diminuer les chances de guérison.

Quant à la médecine moderne, elle garde la particularité d’être prouvée, crédible et demeure l’unique recours pour certaines maladies entre autre les traumatismes graves, les insuffisances d’organes, les anomalies génétiques et malformatives, etc.

Néanmoins, ces deux médecines, bien que indépendantes dans certaines situations, ont toutes un objectif commun qui consiste à soulager les patients et améliorer leur état de santé. Certaines personnes restant convaincues qu’il existe, et en médecine moderne et en celle traditionnelle, ceux qui mettent en premier leurs avantages personnels au détriment de la santé humaine.

Dans la région des grandslacs où l’accès aux meilleurs soins de santé n’est pas toujours facile en médecine conventionnelle, la population garde comme autre chance, le recours à la médecine traditionnelle non seulement parce qu’il existe des maladies curables uniquement par la médecine traditionnelle mais aussi à cause de l’échec de la médecine moderne (Cas des Mulonge, sorcellerie, …).

Dans la région des grandslacs, les deux médecines ont toutes deux pris une place importante du fait qu’il existe à l’heure actuelle, des cabinets de consultation même des tradiparticiens et les motifs de consultation dans cette dernière demeurent fréquentes (Empoisonnement, Mulonge, les « faux esprits », …). Ce qui explique le fait que la population en général est d’accord pour l’entraide de ces deux médecines.

 CONCLUSION

Au terme de notre travail, il est à retenir que les deux types de médecine (moderne et traditionnelle) demeurent complémentaires dans la région des grandslacs, malgré leurs approches diagnostiques opposées.

Elles ont en commun plusieurs points entre autre : le fait d’utiliser des produits pour remédier aux maux des humains, l’existence des frais de consultation, … tout ceci dans l’unique but : le bien-être humain.

Les deux peuvent se compléter harmonieusement et il convient d’utiliser les meilleures caractéristiques et de compenser les points faibles de chacune. Merci d’avoir lire notre blog Blogintelli.com libre managé vous accompagne dent tous le domaine.

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